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Publication de divers textes courts (poèmes, haïkus, proses, extraits de sketches et autres) de Jean-Louis Bouzou
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Mythes ou Contes
Durant cette vie, j’ai arrêté le tabac, l’alcool… et l’amour. Oui, je crois qu’à un moment donné, j’ai considéré l’amour comme une addiction !… Cet attachement que l’on ressent à chaque fois, et qui, à la fin de relation, nous anéantit, je ne souhaitais plus l’éprouver.
Je me suis souvent posé la question sur ce besoin de trouver son autre, sur cet attachement qui en découle… et ne suis sûrement point le seul… Certains mythes ou contes y répondent à leur manière…
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Le Mythe d’Aristophane
Dans « Le Banquet » Platon fait parler le poète Aristophane au sujet de l’amour…
Au tout début de notre histoire, il y avait trois types d’humains : masculin, féminin et androgyne. Chacune de ces créatures possédait une tête avec deux visages dos-à-dos, des flancs bombés, quatre bras et quatre jambes ; le masculin avait une paire d’organes génitaux mâles, le féminin, une paire d’organes génitaux femelles et l’androgyne, les deux sexes. Ils se déplaçaient comme nous en marchant en ligne droite ou alors en faisant des bonds et des acrobaties. Ils étaient heureux, créatifs, très intelligents, avec une telle confiance en eux qu’ils en devinrent arrogants et complotèrent envers les dieux qui les avaient créés.
Zeus ne supportant plus leur attitude, décida donc de sévir et ordonna à Apollon de les couper en deux afin de les affaiblir…
C’est depuis ce temps-là qu’il n’existe plus que deux genres : féminin et masculin… et que chacun d’entre nous recherche, tout au long de sa vie, sa moitié afin de retrouver sa complétude originelle.
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Le Vieillard sous la Lune
Il était fort tard ce jour-là, lorsqu’un jeune voyageur, du nom de Wei Gu, arriva à Songcheng. Après s’être renseigné auprès des gens qu’il croisait, afin de trouver une auberge, il se remit en route. Alors qu’il arrivait enfin devant l’entrée de l’auberge, il vit, sous la clarté de la lune, un vieil homme assis sur les marches de l’escalier, le dos appuyé sur un gros sac en toile et tenant dans ses mains un grand livre qu’il consultait.
Très intrigué par son attitude, et surtout par le fait que les pages du livre étaient blanches, Wei Gu l’aborda :
— Bonsoir, vieil homme… Dites donc, ce livre a l’air de vous passionner… Puis-je connaître son titre, s’il vous plaît ?
— Bonsoir, jeune homme… Vous l’avez dit, ce livre est passionnant… Vous voyez, il contient tous les noms des couples passés et à venir en ce monde.
Posant le livre sur une marche et se relevant, il ouvrit le sac de toile en ajoutant :
— Et comme vous pouvez le voir ici, ce sac contient de nombreux fils rouges, qui, une fois attachés aux pieds des nouveaux nés désignés dans ce livre, les liera éternellement… Qu’importe la distance qui les séparent, leur différence de classe sociale et le temps qui passe… Un jour viendra, où ces deux âmes se trouveront…
Un peu dubitatif, Wei Gu sourit puis demanda :
— Si tout cela est vrai, pouvez-vous me dire qui vais-je épouser ?
Sans même reprendre son livre, le vieil homme répondit aussitôt en riant :
— Bien entendu, ta promise n’est autre que la petite-fille de la marchande de légumes qui vient vendre le matin près de l’auberge…
Wei Gu éclata de rire, avant de répondre :
— Merci bien, vieil homme, j’ai eu grand plaisir à discuter avec vous, ce soir… Je vous souhaite une belle nuit…
— Merci, belle nuit à toi aussi, jeune homme… Et souviens-toi… Tu épouseras la petite-fille de la marchande de légumes.
Souriant, en dodelinant la tête, il quitta le vieil homme pour entrer dans l’auberge.
Le lendemain, sortant de l’établissement, il repensa au vieil homme et, curieux de ce que ce dernier lui avait annoncé, explora les environs pour trouver la marchande de légumes… Alors qu’il s’approchait d’elle, une petite fille surgit en courant ; elle était plutôt laide, sale et mal mouchée. La bousculant dans son élan pour s’en aller, il la fit tomber face contre terre… Honteux et énervé, il s’enfuit alors aussitôt dans la foule…
Bien des années plus tard, après s’être illustré lors d’une campagne militaire, Wei Gu se retrouva fiancé à la fille du chef de l’arsenal de Xiangzhou. Le soir de ses noces, alors que comme le veut la tradition, il découvrait le visage de la mariée, il fut intrigué par une mouche qu’elle portait entre ses sourcils :
— Pourquoi donc, portez-vous cela, mon aimée ?
— Eh bien, lorsque j’étais enfant, un jour, alors que je jouais près de l’étal de légumes de ma grand-mère, un voyou m’a fait tomber par terre… et depuis j’ai une cicatrice au front.
Des larmes envahirent les yeux de Wei Gu qui, enlevant la mouche, baisa la cicatrice. Il venait de réaliser que cette belle et ô combien élégante jeune femme n’était autre que la petite-fille de la marchande de légumes de Songchen… et que le vieil homme rencontré sous la clarté de la lune, ce soir-là, était assurément une divinité…
Confessant son histoire à sa femme et à leur proche entourage, cette dernière arriva un jour aux oreilles du préfet de Songchen qui fit rebaptiser l’auberge, ou Wei Gu avait passé la nuit, jeune homme, du nom d’Auberge des Fiançailles… et l’existence du vieil homme sous la lune fut bientôt connue dans tout le pays.
De leur côté, Wei Gu et sa femme, ayant pris conscience de la prédestination de leur union, s’attachèrent tout au long de leur vie à ne jamais se disputer…
Extrait du recueil : « L’Île, Il et Elle »…
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